Titre Original: Et tu n'es pas revenu
Date de Parution : 4 février 2015
ISBN: 978-2246853916
Nombre de pages : 112
Prix : 12,90 €
Quatrième de couverture : « J’ai vécu
puisque tu voulais que je vive. Mais vécu comme je l’ai appris là-bas, en
prenant les jours les uns après les autres. Il y en eut de beaux tout de même.
T’écrire m’a fait du bien. En te parlant, je ne me console pas. Je détends juste
ce qui m’enserre le cœur. Je voudrais fuir l’histoire du monde, du siècle,
revenir à la mienne, celle de Shloïme et sa chère petite fille. »
Mon avis : Après un court
séjour en France, je me trouvais à attendre mon avion pour retourner à
Barcelone. J'avais été un peu court sur mon stock de livres apporté dans mes
bagages, tel un toxicomane, je me dirigeais vers la librairie de l'aéroport,
mon vol ne durerait pas plus d'une heure et il ne me restait pas beaucoup plus
de temps à attendre sagement mon avion.
Le problème des librairies d'aéroport, c'est que vous
ne trouvez en général que des Best-sellers, des polars, mais par le plus grand
des hasards, il y avait un seul et unique exemplaire de "Et tu n'es pas
revenu". J'avais repéré ce court ouvrage dans mes diverses recherches de
roman sur Internet et j'avais également entendu l'auteure sur France-Inter au
moment des attentats de Paris, femme de 86 ans qui à la fois semblait avoir un
fort caractère, mais aussi une femme déçus de ce qu'avait pu devenir notre
société.
La thématique, certes, semble, au premier abord, déjà
vu et revue. Rescapée du camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau l'auteure
nous raconte l'horreur et l'après.
Marceline Loridan-Ivens, n'écrit pas à ces lecteurs,
mais à son père, qui ne reviendra jamais des camps. Dans cet ouvrage, elle ne
raconte pas uniquement l'horreur des camps, la déshumanisation des déportés,
elle explique aussi à son père le retour, la liberté, cette envie de survivre
aux camps qui se transforment une fois libre au regret de ne pas avoir disparu
également dans les camps. Cette force de vivre, qui se transforme en cette
envie de mourir. Car selon elle, on ne revient entièrement de ce enfer.
Le pire semble être ce retour ou personne n'est
capable d'écouter son histoire, il faut oublier, mais comment oublier l'enfer ?
Comment soigner les blessures ?
Après plus de trois années d'attente du père, il sera
officiellement déclaré disparut, autant d'années d'attente, et cette
culpabilité pourquoi lui et pas moi ?
Le livre se referme sur cette réflexion bien des
années plus tard qui me fait froid dans le dos :
"Il y a deux ans, j'ai demandé à Marie, la femme d'Henri : "maintenant que la vie se termine, tu penses qu'on a bien fait de revenir des camps ?" Elle m'a répondu : "je crois que non, on n'aurait pas dû revenir. Et toi qu'est-ce que tu en penses ? " Je n'ai pas pu lui donner tort ou raison, j'ai juste dit : "je ne suis pas loin de penser comme toi." Mais j'espère que si la question m'est posée à mon tour juste avant que je ne m'en aille, je saurai dire oui, ça valait le coup".